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NANOMEDECINE : des médicaments « miniatures » qui font le maximum !

13.02.14
L’étude du Comité Biotechnologies du Leem  « Applications des nanotechnologies à la médecine : compétitivité et attractivité de la France à l’horizon 2025  » donne une photographie globale et prospective du secteur de la nanomédecine en France et dans le monde. Elle montre la part importante de la France dans ce secteur clé de l’innovation dans le domaine du cancer, avec des traitements plus ciblés et plus efficaces, ainsi que dans les maladies des os et du cartilage, avec la reconstruction des tissus endommagés lors de fractures. Les « nano » interviennent également dans le domaine des maladies cardiovasculaires ou neurologiques, avec la reconstruction du muscle cardiaque après un infarctus ou la restauration de tissus après un accident vasculaire cérébral.
nanomédecine

Les développements scientifiques d’aujourd’hui en nanomédecine permettront demain d’apporter de nouvelles réponses technologiques et d’améliorer considérablement les traitements. A l’échelle « nano », c’est-à-dire à l’échelle du milliardième, les substances et les matériaux changent de propriétés : ils deviennent plus résistants, plus réactifs… Ce sont ces nouvelles capacités, révélées par la réduction d’échelle qu’utilise la nanomédecine pour concevoir des traitements plus efficaces, au plus proche de la cible à traiter ou à détruire.
L’application des nanotechnologies à la médecine va permettre de :

  • fabriquer des nanovecteurs, capables de « relarguer » la substance active du médicament dans les cellules cibles en franchissant la barrière immunitaire,
  • renforcer la puissance de la radiothérapie sans attaquer les tissus sains,
  • détecter précocement, grâce à des nanopuces, les perturbations génétiques de très petits échantillons de cellules,
  • concevoir des nanocomposés contournant les phénomènes de rejet pour les greffes ou la médecine régénérative…

 
230 produits de santé constitués d’éléments « nano » forment aujourd’hui l’arsenal thérapeutique, qui se décompose en 184 médicaments, vaccins thérapeutiques et dispositifs médicaux, 18 produits de médecine régénérative, 8 produits d’imagerie, 9 produits de diagnostic in vitro et 11 vaccins prophylactiques.
49 produits ont une autorisation de mise sur la marché (on en comptait 36 en 2008) et 122 médicaments de santé humaine sont actuellement en développement clinique (32% en phase II, 3% en phase II/III et 11% en phase III). La grande majorité des produits (70) sont développés dans le domaine du cancer et plus spécifiquement pour améliorer la délivrance des chimiothérapies et réduire leur toxicité.
 
Dans cette compétition pour l’innovation en médecine - le marché de la nanomédecine pourrait atteindre 129 milliards de dollars (hypothèse haute) en 2016 - la France reste un acteur majeur :

  • elle possède une recherche académique de pointe concentrée autour de deux pôles de visibilité mondiale, le Minatec (Grenoble) et l’Institut Galien (Chatenay-Malabry), puissants aimants d’entreprises de nanomédecine : 30 en 2013 contre 12 en 2008, une augmentation de + 150%.
  • elle soutient, via les deux vagues, des investissements d’avenir issus du Grand Emprunt (2010 et 2011), 8 projets de nanotechnologies appliquées à la médecine.

 
Une réserve cependant : pendant la période 2008-2013, nos concurrents européens, l’Allemagne et l’Angleterre, ont avancé à pas de géant, l’Angleterre augmentant de + 211% le nombre d’entreprises de nanomédecine sur son territoire, passant de 9 à 28, et l'Allemagne de + 432%, passant de 19 à 101 entreprises.  Une progression qui s’explique par une fluidité des collaborations académiques-industriels dans les deux pays et un investissement massif des Länder et de l’Etat fédéral allemand dans la nanomédecine, érigée en priorité nationale.
 
La comparaison européenne fait ressortir le « mal français ». Comme dans les autres champs d’innovation où la France se positionne comme un acteur reconnu mondialement (immunologie, thérapie cellulaire…), l’étude du Leem pointe certaines faiblesses du secteur des nanotechnologies en France ; pas de priorité clairement affichée, des investissements émiettés, une culture française qui ne favorise pas suffisamment l’échange et le partenariat entre chercheurs et industriels.
Aux mêmes maux, les mêmes remèdes : les propositions de renforcement du secteur de la nanomédecine, mises en avant par l’étude du Comité Biotechnologies du Leem, sont axées autour de quatre notions :
 

INTERDISCIPLINARITE :
augmenter les collaborations entre PME et grands groupes pharmaceutiques
favoriser et développer les parcours mixtes académique /industriel et les transferts de technologie
 
PROMOTION DES ATOUTS FRANÇAIS : capitaliser sur les forces présentes : nano-électronique et systèmes de délivrance
 
INVESTISSEMENT : maintenir et renforcer les investissements publics pour pérenniser le secteur
 
SIMPLIFICATION : renforcer et simplifier les structures publiques de transfert de technologie et de soutien à l’innovation

 
Ces recommandations s’inscrivent dans la ligne des propositions de la Plateforme européenne de nanomédecine* (ou ETP-N) qui, dans le cadre d’Horizon 2020 (le programme de recherche et d’innovation de l’Union européenne) vient de réaliser une cartographie des acteurs du secteur de la nanomédecine et un livre blanc, avec deux axes stratégiques phares :

  • Créer un « translation hub » à destination des petites sociétés de nanomédecine. Ce hub permettrait à la fois une sélection et un accompagnement des projets.

 

  • Créer un système de soutien financier dédié, combiné à la mise en place d’un laboratoire de caractérisation des nanoparticules et dispositifs médicaux utilisant des nanotechnologies (contrôles qualité chimique, biologique, toxicologique, etc) à l’image du Nanotechnolgoy Characterization Laboratory créé aux Etats-Unis en 2004 au sein du National Cancer Institute. Ce laboratoire a caractérisé près de 300 nanoproduits  en 10 ans.

La combinaison des initiatives tant nationales qu’européennes peut contribuer à consolider l’écosystème français associant les PMEs innovantes et les principaux acteurs de la nanomédecine. La France joue déjà un rôle clé dans le développement des nanotechnologies en Europe, mais elle doit encore améliorer le transfert industriel si elle veut réussir, créer de nouveaux emplois et rendre l’Europe compétitive dans ce domaine clé de l’innovation pour les patients.

*La Plateforme européenne de nanomédecine (ou ETP-N)  a été créée en 2006, sous l’égide de la Commission européenne, pour constituer un réseau d’acteurs industriels et académiques et faciliter ainsi les synergies en R&D et l’industrialisation du secteur.
 

L'intégralité de l'étude "Applications des nanotechnologies à la médecine - Compétitivité et Attractivité de la France Horizon 2025" est téléchargeable à partir du lien suivant : https://www.leem.org/publication/applications-des-nanotechnologies-la-m…