Entretien de Pascal Le Guyader : L’information délivrée par la visite médicale peut et doit être indépendante !
À partir de 1993, un véritable bouclier protecteur contre une information biaisée ou inadaptée délivrée lors d’un contact entre un visiteur médical et un prescripteur ou un dispensateur a été mis en place. Le Leem a été moteur dans cette démarche avec la création, dès 1993, d’un diplôme de visiteur médical. C’est ensuite une charte de la visite médicale, imposée par le législateur et négociée avec le CEPS, qui est venue définir les bonnes pratiques en matière de visite médicale. Enfin, la HAS assure la certification de la visite médicale en se fondant sur un référentiel auquel chaque laboratoire doit se soumettre. Ainsi, s’il existe un objectif promotionnel dans la démarche du visiteur médical, cet objectif ne doit pas être atteint au détriment de la science et donc de la qualité de l’information. Au sein de chaque laboratoire, le pharmacien responsable, statutairement strictement indépendant des instances de direction du laboratoire, engage sa responsabilité sur l’ensemble de l’information délivrée. Dans cet entretien, Pascal Le Guyader, Directeur général adjoint du Leem, décrit en détails ce processus très complet permettant de faire en sorte que l’information délivrée par la visite médicale soit objective et loyale.
" Permettez-moi, en guise de préambule, de lever une certaine ambigüité dans la façon dont la question est posée. En effet, si on se place strictement au plan du droit du travail, le visiteur médical n’est pas indépendant, c’est un salarié lié à son employeur par un contrat de travail, lequel crée un lien de subordination donc une dépendance. En revanche, le contenu de l’information délivrée lors d’un contact entre ce visiteur médical et un prescripteur médecin ou un dispensateur pharmacien doit être loyal, pertinent reposant sur des références médicales établies et présentant le médicament de façon à en favoriser son bon usage par le professionnel de santé. Certes, il y a un objectif promotionnel dans la démarche du visiteur médical mais cet objectif ne doit pas être atteint au détriment de la science et donc de la qualité de l’information. C’est en cela que nous pouvons affirmer que l’information délivrée par le visiteur médical peut et doit être indépendante ! "
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"Au regard des enjeux croissants de santé publique sur les produits de santé (de plus en plus de médicaments seront personnalisés et leur prescription et/ou dispensation sera couplé à un dispositif médical ou à un diagnostic), il nous semble essentiel que la France puisse disposer de médecins experts de ces sujets pour répondre aux besoins des structures publiques (établissements de santé, centre de recherche…) et des entreprises privées grâce à des cursus spécialisés sur les produits de santé.
De même, nous souhaitons ardemment, notamment pour lever la défiance relative au monde des médicaments et des produits de santé, que les médecins actuels et futurs (en tant que prescripteurs de médicaments dans le cadre du parcours de soin de leurs patients) soient sensibilisés au cycle de vie du médicament et aux produits de santé en général (évaluation des produits de santé, organisation des systèmes de santé et des politiques de santé….). Nous souhaitons ainsi travailler avec les doyens des facultés de médecine, comme nous le faisons régulièrement avec les doyens de pharmacie, sur la création d’un module de formation intégré dans le cursus des études de médecine.
Ce module pourrait concerner la conception du médicament, de la recherche initiale à la mise sur le marché, au suivi en vie réelle, aux modes d’administration…, il y a tant à dire que ce module serait certainement assez riche !"
Retrouvez l’article complet dans le dernier numéro de la revue trimestrielle de « Les Tribunes de la santé ».