Le marché pharmaceutique
Le marché pharmaceutique mondial
Le médicament : un marché dynamique marqué par de fortes disparités
Après une période contrastée, le marché pharmaceutique mondial marque un rebond en 2023, en atteignant 1 607 milliards de dollars de chiffre d’affaires (+8,2 % par rapport à 2022).
Selon les estimations d’IQVIA, le marché mondial du médicament devrait dépasser 2 200 milliards de dollars d’ici 2028, propulsé principalement par les médicaments déjà existants des dix plus gros marchés mondiaux.
A l’inverse, la croissance des médicaments innovants sera compensée par l’impact des brevets arrivant à expiration.
Cette croissance cache néanmoins de fortes disparités selon les zones géographiques.
En 2023, dix marchés ont concentré 73,2 % du chiffre d’affaires du marché pharmaceutique mondial.
La France est aujourd’hui le 5e marché mondial, avec 2,9 % des parts de marché en valeur, loin derrière les Etats-Unis, qui conservent leur position dominante avec 44,4 % des ventes mondiales.
La Chine, en tant que deuxième marché mondial, représente 7,0 % des parts de marché, devançant le Japon (4,0 %).
En Europe, l’Allemagne demeure en tête avec 4,0 % des ventes mondiales, suivie par la France, l’Italie (2,5 %), le Royaume-Uni (2,4 %) et l’Espagne (2,0 %).
Enfin, la présence du Brésil, avec 2,0 % des parts de marché mondiales, témoigne du potentiel de croissance de certains pays émergents.
En effet, IQVIA prévoit une forte croissance d’ici 2028 sur les marchés composés principalement de pays émergents.
La croissance d’un marché repose sur deux leviers : la croissance en volume, du fait d’une augmentation du nombre de boîtes de médicaments vendues, et la croissance en valeur, qui correspond à une évolution du prix moyen des médicaments vendus.
Ce prix moyen est notamment tiré à la hausse par l’arrivée de médicaments innovants, et à la baisse par l’augmentation de la concurrence sur les marchés plus anciens.
Les marchés occidentaux, englobant l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord, se caractérisent par un accès de longue date de la population à des systèmes de santé bien établis ainsi qu’aux médicaments.
La population étant largement « couverte », ces marchés ne peuvent plus croître en volume.
Leur croissance repose donc sur l’augmentation de la valeur des médicaments commercialisés, principalement due à l’introduction d’innovations plus coûteuses. Néanmoins, étant donné que ces pays disposent déjà d’un accès à des technologies de santé onéreuses, la marge de croissance en valeur demeure modérée.
Les marchés émergents (notamment ceux de l’Asie-Pacifique) aspirent à développer leurs systèmes de santé et à permettre l’accès aux médicaments à une population plus étendue.
Ces pays ont également un accès accru à des médicaments plus coûteux. C’est pourquoi ils devrait connaître une forte croissance d’ici 2028, tant en valeur qu’en volume.
En revanche, dans les pays d’Europe de l’Est, où les systèmes de santé se sont progressivement développés depuis les années 1980, la population a déjà accès aux médicaments mais les thérapies ultramodernes, donc coûteuses, sont moins accessibles.
Ainsi, ce marché devraient principalement croître en valeur avec l’introduction de médicaments plus onéreux.
Les aires thérapeutiques dans lesquelles les dépenses devraient être les plus élevées en 2028 sont l’oncologie, l’immunologie et les antidiabétiques, suivies par les traitements pour les maladies cardiovasculaires.
L’arrivée continue d’innovations en oncologie devrait notamment induire une croissance de cette aire thérapeutique de l’ordre de 14 à 17 % d’ici 2028.
En immunologie, la croissance devrait être freinée par la pénétration de médicaments biosimilaires sur le marché.
Enfin, le diabète devrait devenir le troisième plus grand domaine thérapeutique au niveau mondial, avec une croissance estimée entre 3 et 6 % au cours des cinq prochaines années, du fait d’une explosion du nombre de patients diabétiques dans le monde.
Multiplié par quatre en trente ans selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de diabétiques devrait ainsi drastiquement augmenter d’ici 2050 pour toucher 1,3 milliard de personnes (contre 529 millions en 2021 selon une étude publiée par The Lancet en juin 2023). Les traitements de l’obésité devraient également connaître une forte croissance, de l’ordre de 24 à 27 %, portée par l’arrivée sur le marché de nouveaux médicaments.
Le médicament : un secteur en perpétuel mouvement, entre arrivées d’innovations et pertes de brevets
En s’appuyant sur la croissance de son traitement immunosuppresseur Stelara, Johnson & Johnson reprend la tête du classement des fabricants mondiaux. Cette croissance est cependant de courte durée, puisque le produit fait face à l’entrée des biosimilaires.
Du côté des produits, c’est Keytruda de Merck & Co qui se hisse au sommet du classement, avec 25 milliards d’euros de ventes.
On retrouve ensuite en deuxième position le traitement Humira du laboratoire d’Abbvie, qui résiste malgré une baisse de 32 % par rapport à l’année dernière en raison de la concurrence des biosimilaires. Enfin, bien qu’ayant été confronté aux pénuries après une forte demande, le traitement antidiabétique Ozempic ferme la marche du podium avec 14 milliards d’euros de ventes.
Les fusions-acquisitions, un outil de croissance pour les entreprises biopharmaceutiques
L’industrie du médicament est peu concentrée : les cinq premiers groupes ne représentent que 20 % du marché mondial en 2023.
Les dix plus importantes transactions de fusion et acquisition dans le domaine de la biopharmacie en 2023 se sont élevées à près de 116 milliards de dollars d’après le classement établi par Fierce Pharma.
Le média précise également que, même si l’année 2023 devance les montants de la période 2020-2022, elle ne parvient pas à détrôner l’année record de 2019. En effet, les dix plus grosses fusions et acquisitions avaient représenté cette année-là 200 milliards de dollars, boostées par le rachat de Celgene par Bristol Myers Squibb.
Ces acquisitions s’inscrivent dans la stratégie des laboratoires consistant à enrichir leur pipeline de R&D en rachetant de plus petites structures à fort potentiel d’innovation. Ainsi, grâce à ces rapprochements (implantation géographique stratégique des entreprises, regroupement des entreprises par domaine d’intérêt thérapeutique…), les grands groupes mondiaux espèrent atteindre une taille critique afin de réaliser des économies d’échelle (réduction des coûts de recherche), de renforcer leur présence sur les marchés et de faire face aux diverses pressions exercées sur les prix des médicaments.
D’autres objectifs stratégiques peuvent également être recherchés dans une telle transaction : l’acquisition de nouvelles technologies (achat de firmes de biotechnologies), l’introduction dans un nouveau domaine thérapeutique ou sur un nouveau segment (l’automédication, par exemple), l’acquisition d’une force de vente ou de distribution, l’implantation dans un pays étranger ou sur un continent.
Le coût des opérations d’acquisition étant élevé, les entreprises développent également des accords ou des alliances entre elles, et font appel à des compétences extérieures (sous-traitance) à tous les niveaux : recherche, développement, fabrication…
En outre, le partenariat peut prendre la forme d’accords de licence pour confier la commercialisation de certains médicaments à d’autres entreprises, en totalité ou dans des zones géographiques définies. La recherche fait également appel à de nouveaux modes de collaboration en réseau, entre recherche publique et recherche privée, par exemple, ou via des partenariats internationaux.
L’essentiel à l'international
1607 milliards de dollars
Chiffre d'affaires du marché mondial du médicament en 2023, dont 44 % est réalisé aux Etats-Unis.
5
Les 5ers groupes pharmaceutiques représentent 20% du marché mondial.
33,4 milliards d'euros
Montant des exportations de médicaments depuis la France en 2023.
2,0 milliards d'euros
Excédent commercial généré par les échanges de médicaments en 2023.
La Belgique
1er pays importateur de médicaments en provenance de France.
4ème
Le secteur du médicament, 4e excédent commercial de la France en 2023.