Chantier 5 : mesurer la qualité et prendre en compte le retour des patients pour mieux les soigner
Dans la dernière loi de finance de la Sécurité sociale (LFSS), 0,1 % du financement total de l'hôpital (près 90 milliards d'euros) est lié et conditionné par des indicateurs de qualité.
Il faut attendre et espérer une proportion nettement plus importante en 2030.
Le pilotage par la qualité et l'évaluation continue des résultats des soins en vie réelle apporteront, en outre, des réponses pragmatiques pour appréhender le flux des innovations à venir.
Seules ces approches permettront aux autorités sanitaires de repérer, valider et financer les innovations qui le mériteront.
Enfin, la qualité deviendra également l'affaire des patients. Que leurs avis sur leurs soins et leur parcours soient directement sollicités par les professionnels et les établissements de santé, ou qu'ils s'imposent via les communautés de patients et les réseaux sociaux, l'évaluation de la qualité, la mesure de la satisfaction et l'identification des pistes d'amélioration auprès des patients deviendront fondamentales... et redoutables.
Il serait très surprenant que le système de santé soit le seul à ne pas connaître cette évolution au cœur des attentes et des pratiques des Français.
Des modes de rémunérations plus incitatifs et permettant un suivi de l’efficience
Les modes de rémunération des professionnels de santé libéraux n'intègrent pas suffisamment l'innovation et les évolutions des techniques et des bonnes pratiques (faute, entre autres, d'une actualisation satisfaisante des nomenclatures).
Des réformes reposent notamment sur le développement des financements au parcours, qui permet de résoudre les pertes liées au caractère fragmenté des prestations et d'intégrer les meilleures pratiques.
Aujourd'hui, la rémunération à l'acte en médecine de ville ou à l'hôpital constitue une barrière au développement de la médecine de parcours, mais aussi à l'évaluation de l'efficience.
Elle conduit, en effet, à une rémunération fondée principalement sur une quantité d'actes isolés, rendant impossible une évaluation de la performance.
La rémunération à l'acte génère également une inflation d'actes, une insuffisante coordination des parcours et une asphyxie générale (trop d'actes, mal payés, dans un contexte toujours plus tendu en termes de disponibilité).
En 2030, le mode de rémunération des professionnels de santé et des établissements encouragera leur coordination dans le cadre de parcours.
La rémunération au parcours du patient devra intégrer le temps nécessaire au colloque singulier, au suivi et à l'accompagnement du patient.
Elle devrait également comporter une composante sur résultats : objectifs de santé publique, objectifs mesurables de qualité.
Par exemple, la rémunération générée par la prise en charge d'un patient diabétique ne sera plus liée uniquement au nombre total de consultations ou d'actes dans l'année, mais plutôt à la stabilisation de son taux de sucre dans le sang et à l'absence de complications.
Il faut le reconnaître, cela encadrera la liberté de choix du patient et la liberté des professionnels dans leurs pratiques.
Sur la base de l'exemple allemand, des enveloppes limitatives pourraient être mises en place pour les médecins libéraux en fonction des caractéristiques des patients suivis.
La révolution internationale des PROMs et des PREMs : recueillir l'opinion des patients pour piloter le système de santé
De quoi s’agit-il ? Il s'agit de questionnaires courts (10 à 20 questions), remplis par le patient à plusieurs étapes de sa prise en charge, incluant des recueils à distance, et quand il est rentré à domicile.
L'ICHOM (consortium international) est en train de définir des standards internationaux sur la mesure des résultats en santé rapportés par les patients (standardisation des outils de mesure pour 24 pathologies).
Pour aller plus loin :
|
(Chantier 5 ": mesurer la qualité et prendre en compte le retour des patients pour mieux les soigner").