La solution santé du "médicament service"
Il résulte de la fusion de la thérapie et du médicament biologique ou chimique avec ce qui permet de l'injecter ou de l'administrer, et avec ce qui permet ensuite de mesurer et suivre le traitement, son efficacité et l'évolution des indicateurs clés de la pathologie du patient.
Les patients seront toujours plus connectés avec l'amont et l'aval de leur traitement.
Il en va ainsi, très concrètement, des patients atteints de diabète, qui peuvent suivre, sur leurs équipements connectés, leur glycémie en direct.
Le couplage des biomarqueurs et des médicaments transforme les modalités d'administration du médicament. Avant de l'administrer, physiquement, on vérifiera si le patient est répondant.
Sur le plan économique, on vérifiera si l'administration du traitement est efficace. Le médicament sera toujours un produit mais aussi, et ce de plus en plus, un service.
Un exemple de "médicament service" : le pancréas artificiel
Question clé 1 : Vers un modèle collaboratif ?
Pour délivrer des offres allant au-delà des médicaments seuls, afin d'améliorer la prise en charge des maladies chroniques notamment, les laboratoires devront développer des offres de services (telles que des programmes d'observance, des programmes nutritionnels, des aides à la gestion du stress...), en partenariat avec d'autres acteurs du domaine de la santé.
C'est pourquoi une évolution des business models vers un modèle collaboratif semble inéluctable.
Une telle structure en réseau permettrait de proposer des offres de prise en charge globale des patients comprenant :
- des modes de prise en charge définis et individualisés pour les patients;
- du personnel soignant parfaitement informé;
- des prix clairement établis et liés au risque ;
- des services support à forte valeur ajoutée.
Question clé 2 : Comment développer une conception innovante de solutions santé intégrées : vers le "design thinking" ?
Dans les années à venir, l'objet de l'innovation évoluera probablement des produits vers le domaine plus large de la dispensation des soins ou solutions de santé.
La conception de solutions santé intégrées peut être menée de plusieurs manières :
• élaborer une solution autour d'un démonstrateur (intégrant médicament, dispositifs, gestion des données...) et la valider, à l'instar d'un processus de recherche clinique, dans un objectif de reproductibilité pour un grand nombre de patients (approche "push", avec prise en compte des questions psycho-ergonomiques) ;
• partir des besoins (approche "pull") et explorer en situation réelle les conditions de développement et la variété des solutions en prenant en compte les comportements des patients dont on sait qu'ils reposent sur des facteurs largement psychologiques, sociologiques ou liés aux croyances, encore assez peu intégrés aujourd'hui.
Le couplage entre les deux approches peut notamment se faire dans le cadre du "design thinking", mobilisant les partenaires de santé et les usagers dans une démarche itérative.
Le "design thinking" est une démarche d'innovation centrée sur l'utilisateur final et axée sur l'observation. Appliquée à la santé, cette méthode vise d'abord à rechercher et comprendre les problèmes vécus par les patients, pour y répondre avec le prototypage rapide de solutions innovantes, permettant un retour d'expérience continu.
Question clé 3 : Comment faire du "médicament service" un levier d'efficacité thérapeutique ?
Le "médicament service" est également un levier essentiel pour accroître la valeur des traitements en vie réelle, un élément clé pour les acteurs (soignants, payeurs), et un facteur de création de valeur pour l'économie et l'industrie.
En effet, si le médicament démontre une efficacité lors des essais cliniques, le comportement des patients en vie réelle est nettement moins encadré (observance), et le risque d'échec thérapeutique est augmenté.
L'enjeu majeur de l'observance
Le phénomène de non-observance est complexe et souvent multifactoriel.
On peut citer comme causes l'âge, les croyances et superstitions, les contraintes socio-professionnelles, la nature de la maladie (caractère asymptomatique), la relation de confiance entre le médecin / le pharmacien et son patient...
De plus, l'organisation du système de soins pèse souvent en défaveur de l'observance, par manque de cohésion et de partage d'informations entre professionnels de santé, par manque de temps pour l'éducation thérapeutique des patients, et par absence de suivi au long cours du patient.
Question clé 4 : Quelle prise en charge demain des solutions intégrées ?
Le "médicament service" s'inscrira dans des parcours de soins pluriannuels, notamment pour les patients atteints de pathologies chroniques.
Il y a donc un triple saut à effectuer pour le financement, la prise en charge, l'évaluation :
• celui de l'intégration économique médicament-dispositif-numérique (en tout ou partie) ;
• celui du temps long des traitements et de leur suivi ;
• celui de l'évaluation de la valeur des solutions proposées (valeur qui peut être associée à une meilleure adaptation du traitement, à une réduction des effets secondaires, à un confort de vie amélioré, et qui ne relève pas des approches actuelles) et de sa répartition.
On sait que la tarification à l'activité est mise en question à l'hôpital, notamment en raison des difficultés que ce système introduit pour les parcours de soins incluant l'hôpital.
On devra s'interroger sur les modalités de répartition de la valeur pour le "médicament service".
(Dynamique 3 : La solution santé du "médicament service").
Extrait de Santé 2030 - Partie 1 : les dynamiques à l'oeuvre. Retrouvez l'intégralité de l'étude sur le site.