Arte : « Big Pharma, labos tout-puissants » La caricature de trop !
Ce documentaire n’est qu’une longue litanie de clichés et de caricatures contre les laboratoires pharmaceutiques en les érigeant en généralités. Les réalisateurs laissent suffisamment de flou et de sous-entendus pour que le téléspectateur pense que chaque cas mis en scène dans le reportage est une pratique commune, généralisée, répétitive qui menace chaque Français.
Le procédé est racoleur et ne propose aucun débat d’idées porté par des positions contradictoires. En annonçant au téléspectateur qu’il dévoile le visage des laboratoires pharmaceutiques d’aujourd’hui, il fausse sciemment la perception du grand public.
Ce documentaire est d’autant plus contestable qu’il nie la réalité.
Il nie la réalité du progrès thérapeutique. Il nie les apports considérables de ces dix dernières années et les innovations thérapeutiques majeures à venir.
Ce documentaire passe sous silence le nombre de vies sauvées au cours des 20 dernières années grâce aux traitements mis au point par les entreprises du médicament. Aucune référence aux enfants de moins de 15 ans qui, atteints de cancer, finissent par guérir (80 % d’entre eux), alors qu’il y a 50 ans, 1 enfant seulement sur 5 en réchappait. Pas non plus de mention de la chute du taux de mortalité de plus de 20 % depuis 25 ans pour les autres cancers. Aucune référence au fait qu’on ne meurt plus de l’hépatite C aujourd’hui en France. Et il est aujourd’hui possible d’enrayer la forte progression de la sclérose en plaques grâce à des anticorps monoclonaux… Aucune évocation des vaccins qui permettent de prévenir en France 29 maladies infectieuses.
Le documentaire nie une autre réalité : les efforts déployés par les entreprises du médicament pendant la crise du covid-19. Le secteur a fait preuve d’une mobilisation et d’un engagement sans faille, tant dans la recherche de nouveaux vaccins et de traitements pour lutter contre la pandémie, que pour garantir l’accès des malades aux médicaments nécessaires à leurs prises en charge dans les autres maladies. Les centaines de milliers d’employés des entreprises du médicament et de leurs partenaires ont été en première ligne sans hésiter pour que chaque patient en France puisse être pris en charge de façon optimale par les professionnels de santé.
Evoquer le « cynisme » de l’industrie pharmaceutique comme le fait ce documentaire, c’est nier cette mobilisation exceptionnelle pour assurer la continuité d’activité des entreprises du médicament et éviter le manque de traitements indispensables aux soins dans les hôpitaux et à domicile.
De plus, ce documentaire jette la suspicion sur les liens d’intérêts, alors que ces innovations sont le fruit d’échanges soutenus et indispensables entre la recherche publique et la recherche privée, et entre les médecins et les directions médicales des laboratoires.
Pourquoi ne pas avoir rappelé le cadre réglementaire extrêmement rigoureux qui gouverne l’information des patients, l’information des professionnels de santé, la transparence des relations de travail entre les entreprises et les médecins, les processus d’évaluation des essais cliniques…
Plutôt qu’une énième diatribe anti-pharma qui entretient la suspicion à l’égard de l’ensemble des acteurs de santé, utilisons cette période particulière pour élever le débat, sortir des caricatures et faire front autour d’un seul objectif : donner à chaque patient la chance d’accéder aux meilleurs soins.
C’est la mission première des entreprises du médicament qui, est-il encore besoin de le rappeler, sauvent chaque jour des vies.