Je suis intimement convaincu que le déclassement de la France parmi les puissances de santé n’est pas une fatalité. C’est pourquoi je suis fier que le Leem ait publié aujourd’hui les résultats du Baromètre de l’attractivité de la France pour les entreprises du médicament, réalisé par Roland Berger, comme annoncé en début d’année. Un état des lieux précis du cadre applicable à l’industrie du médicament en France, ses forces et ses faiblesses.
>> Dans le contexte actuel d’instabilité politique, il est plus que jamais utile d’objectiver la situation par des datas solides et d’identifier les réformes nécessaires dès le prochain PLFSS, à commencer par la maîtrise de la clause de sauvegarde, afin de mettre en place une régulation propice aux investissements, à la réindustrialisation et à la souveraineté sanitaire.
>> Ce baromètre montre le chemin qui reste à parcourir pour que la France soit vraiment attractive en matière de santé et d’accès aux traitements. Il montre qu’il y a urgence à agir pour accélérer l’arrivée des innovations et l’accès des patients aux traitements, transformer l’outil industriel, remettre à plat le financement et la régulation du médicament.
Les + :
- Des investissements dans la R&D et la production en hausse ces dernières années
- Une dynamique de l’emploi positive, partout en France
- Une transition écologique largement engagée
- La responsabilité sociétale et l’éthique renforcées
Il est temps de reconnaître cet impact positif du médicament sur l’offre de soin, la prévention en santé, le développement des territoires et la création d’emplois qualifiés.
Les - :
La France ne contribue pas suffisamment à la souveraineté sanitaire européenne :
- Moins d’1 nouveau médicament sur 10 est produit en France, contre 1 sur 4 en Allemagne.
- Balance commerciale de la France divisée par 8 entre 2022 et 2023
· L’effet ciseau, entre les prix les plus bas et la fiscalité la plus haute d’Europe, pénalise fortement le développement des entreprises du médicament :
- 60% du résultat taxé, dont 88% de prélèvements spécifiques au secteur
- Des prix en moyenne 10% inférieurs à ceux des pays européens comparables.
· Un vrai potentiel d'innovation mal exploité :
- Stagnation au 3ème rang des puissances européennes en matière d'essais cliniques. Perte de chance pour les patients qui ont un accès retardé aux dernières innovations.
· En dehors des procédures dérogatoires, les délais d’accès moyens s’allongent pour les patients : 527 jours en moyenne en 2023 contre 508 jours en 2022.
· La disponibilité des médicaments est inégale en Europe : 37% des nouveaux médicaments autorisés en Europe entre 2019 et 2022 n’étaient toujours pas disponibles en France au 31 décembre 2023 (contre 12% seulement en Allemagne).
· Le cadre réglementaire français est instable, ce qui décourage l’investissement : en 8 ans, les modalités d'accès précoce ont été modifiées 7 fois et la clause de sauvegarde 8 fois.
Nos recommandations :
- Enclencher d’urgence la réforme du financement et de la régulation du médicament. >> maîtrise dès 2025 de la clause de sauvegarde, en lui fixant une trajectoire de décroissance pour atteindre moins de 500 millions d’euros en 2027.
- Mettre en œuvre un choc de simplification pour le secteur : accélération de la recherche clinique, suppression des procédures superflues de l’accès au marché, optimisation des dispositifs existants (accès direct, accès précoce) pour faire gagner du temps dans l’accès de tous les patients aux médicaments.
Nous porterons les propositions du Leem auprès des différentes administrations et du prochain Gouvernement dès sa mise en place.
Synthèse et étude complète du Baromètre 2024 : https://www.leem.org/presse/resultats-du-barometre-2024-de-l-attractivite-de-la-france-pour-les-entreprises-du