Interview de Laurence Peyraut - Entreprise et Progrès
Comment vous êtes-vous préparée à prendre la suite de Philippe Lamoureux qui a occupé ce poste pendant plus de 15 ans ?
Je suis restée moi-même, avec mes convictions et mes valeurs profondes.
Effectivement mon profil est différent de celui de Philippe avec qui j’ai échangé sur les défis à venir. Intégrer les enjeux de souveraineté sanitaire pour l’accès aux traitements de chacun d’entre nous, oser parler de soutenabilité économique de nos entreprises mais aussi mettre sur la table les défis à opérer toutes les transitions (sociales, sociétales, environnementales…), explique probablement le choix de ma venue ayant tout au long de ma carrière poussé à mieux coordonner toutes les tensions que nous rencontrons.
C’est pourquoi lorsque j’ai pris mes fonctions en novembre dernier, j’ai partagé, à travers une vidéo, mon projet et ma façon de travailler basée sur la collaboration/la coopération au sein de cette industrie très réglementée. Ma volonté profonde est de monter un collectif solide aux côtés des 70 personnes expertes du Leem, d’ouvrir une nouvelle page de notre histoire, et finalement de la place de la santé en France.
Au XXIe siècle, il est important de poser des actes pour engager l’organisation, avec les différentes parties prenantes (associations, institutionnels, médias…) afin de construire un narratif et l’inscrire dans la société. Faire le choix de la paix est plus courageux que celui de la guerre entre tous les acteurs ; je suis déterminée à livrer ce combat.
La santé en France fait face à des transformations profondes. Pourriez-vous nous en tracer les grandes lignes ? Comment construire le système de santé de demain ?
La meilleure façon de construire le système de santé de demain est de se mettre autour de la table, que chacun apporte sa pierre à l’édifice. Trop facile de condamner son voisin sans montrer les quarts de tour que nous devons tous faire. J’ai eu à gérer dès mon arrivée le problème des pénuries par exemple. Ce fut un rendez-vous au ministère de la santé dès ma première semaine ! Là-aussi sujet complexe, qui implique tous les acteurs. À nous de travailler en coopération.
Pour que la France demeure le pays de la carte verte, il faut que chaque acteur contribue à l’équilibre des comptes sociaux. Le médicament ne doit pas être la seule variable d’ajustement budgétaire. Je ne vous cacherais pas que se mettre d’accord autour de la table reste un exercice très compliqué. Mais je ne lâche rien !
Les entreprises du médicament semblent engagées dans une démarche de responsabilité sociétale : pourriez-vous nous en dire plus ?
Quand je suis arrivée au Leem, nous avions plutôt un discours essentiellement économique. Nous avons créé une nouvelle feuille de route avec le conseil d’administration, construite autour de 3 piliers :
- l’accès aux traitement pour tous les français et donc la souveraineté sanitaire ;
- la capacité à produire et innover et donc la nécessité de retrouver de la respiration économique ;
- la responsabilité et donc toutes les transitions à opérer ; ce qui signifie démontrer que l’on travaille dans les territoires pour aller chercher les besoins en matière de compétences dans les usines, réfléchir à toutes les transitions sur le numérique et comment l’IA va impacter la façon dont on traite les patients, signer un accord de branche sur la décarbonation, signer des accords pour les aidants.
La responsabilité sociétale fait donc partie aujourd’hui de nos 3 piliers prioritaires.
Retrouvez l’intégralité de l’interview ici : https://entrepriseprogres.com/2024/05/laurence-peyraut/