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Les antibiotiques, c’est fini ?

11.06.20
La découverte des antibiotiques a constitué un extraordinaire progrès, qui a permis de sauver des millions de vies humaines.
Mais, à l’heure actuelle, ces médicaments ne sont plus aussi efficaces en raison de bactéries devenues résistantes. La montée de ce phénomène – l’antibiorésistance – a suscité une prise de conscience mondiale, et des initiatives partenariales tentent de prendre ces superbactéries de vitesse.
Les antibiotiques, c’est fini ?

Contexte :

●    L’efficacité remarquable des antibiotiques depuis la commercialisation de la pénicilline, dans les années 1940, a motivé leur utilisation massive et répétée en santé humaine et animale.

●    En 2018, il a été vendu en France 728 tonnes d’antibiotiques destinés à la santé humaine et 471 tonnes destinés à la santé animale.
En santé animale, 95 % des antibiotiques sont administrés à des animaux destinés à la consommation humaine et 5 % à des animaux de compagnie.
En santé humaine, 93 % des antibiotiques sont utilisés en médecine de ville et 7 % en établissements de santé (1).

●    Naturellement, les bactéries développent des mécanismes de résistance pour survivre aux antibiotiques.
Aussi, en utilisant largement ces médicaments, on sélectionne les bactéries les plus résistantes, qui vont alors se transmettre d’animal à animal, d’homme à homme, voire d’animal à homme.

●    Ponctuelles au départ, ces résistances sont devenues massives, certaines bactéries – les superbactéries – sont même résistantes à tous les antibiotiques disponibles. Les bactéries résistantes aux antibiotiques sont ainsi responsables, chaque année, de près de 6 000 décès en France (3) et d’environ 33 000 décès en Europe (4).
Si rien ne change, les maladies infectieuses d’origine bactériennes pourraient redevenir, en 2050, une des premières causes de mortalité dans le monde, en provoquant jusqu’à 10 millions de morts.

●    Une vaste étude de Santé publique France, publiée le 18 novembre 2019 à l’occasion de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, montre, sur la période 2009-2018, une stabilité globale de la consommation d’antibiotiques exprimée en nombre de doses et une diminution de 15 % du nombre de prescriptions.

 
Enjeux :

●    Face à la montée de ces superbactéries tueuses, la prise de conscience a été mondiale et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié, le 27 février 2017, la liste des 12 familles de bactéries résistantes aux antibiotiques et classées selon leur dangerosité pour l’homme (5).

●    En 2015, l’OMS a adopté un plan d’actions global, recommandant aux Etats d’élaborer un plan national sous le concept d’« une seule santé » (One Health), fondé sur une collaboration intersectorielle et interdisciplinaire pour renforcer les liens entre santé humaine, santé animale et gestion de l’environnement, et permettre un usage raisonné des antibiotiques. La France a défini une feuille de route en 2016.

●    Pour préserver le plus longtemps possible l’efficacité des antibiotiques disponibles, il faut prévenir la dissémination des résistances. Cela passe par la mise en place de mesures d’hygiène (comme simplement se laver les mains), la vaccination, qui permet d’éviter de nombreuses infections bactériennes, mais aussi par le bon usage des antibiotiques.
C’est-à-dire pour les médecins : utiliser les antibiotiques en choisissant la bonne molécule, pendant la bonne durée et uniquement lorsque cela est nécessaire.
Et pour les patients : prendre son traitement pendant toute la durée sans oublier de doses. Il s’agit aussi de rappeler que les antibiotiques ne doivent pas être utilisés en cas d’infections virales, comme les rhinopharyngites, la grippe, les bronchiolites et certaines angines.

 
Nos Actions :

●    Pour combattre la résistance, il faut améliorer la prévention des infections et l’usage approprié des antibiotiques chez l’homme comme chez l’animal. Les solutions ne peuvent donc être que partenariales, associant tous les acteurs de la chaîne des soins, sans négliger pour autant les incitations à rechercher et produire de nouveaux antibiotiques.
Les entreprises du médicament soutiennent donc l’approche One Health /Une seule santé.

●    Une vingtaine d’entreprises du médicament sont actives dans la recherche d’alternatives ou de nouveaux antibiotiques.

●    En novembre 2018, la France a lancé un programme prioritaire de recherche dédié à la lutte contre la résistance aux antibiotiques doté de 40 millions d’euros (6) tandis qu’au niveau européen, le prochain programme de recherche, Horizon Europe (2021-2027), planifie davantage d’aides à la recherche d’antibiotiques.

●    Les industriels se sont investis dans la recherche amont avec le programme New Drugs 4 Bad Bugs (ND4BB) et sur l’économie du développement d’antibiotiques (incitations, transferts de propriété intellectuelle…) à travers le programme Drive-AB, tous les deux lancés à l’échelle européenne sous la houlette de l’Initiative médicaments innovants (IMI).